Parc des Eaux-Vives, Genève
Mandat : concours 2003
Maître d’ouvrage : Ville de Genève
Architecture paysagère :Klötzli und Friedli et rbl architecture paysagère
Parcelle: 20'600m2
Aménagements extérieur : 20'023m2
I n t r o d u c t i o n
Habituellement, la présentation d’un site archéologique expose des vestiges partiellement reconstitués, mais contrairement à un musée, l’exposition se trouve dans un milieu extérieur, ouvert et naturel. Dans une telle situation, il est possible de montrer non seulement des structures «mortes»‚ reconstituées à leur place initiale, mais aussi de concevoir une mise en scène qui intègre la végétation.
I d é e
Le but du projet est de créer un nouveau lieu de connaissances et de sensibilisation destiné au public, qui fournisse des informations sur le passé préhistorique et romain de la région genevoise. Ce lieu comportera des renseignements sur les populations anciennes et leurs cultures, mais aussi sur l’évolution de l’environnement naturel dans lequel elles se sont développées. Ainsi, il sera possible de mettre en valeur les connaissances archéologiques, récoltées de 1922 jusqu’à nos jours. En fonction des caractéristiques du site du Parc de La Grange et des données qui y ont été recueillies, nous proposons une approche selon deux échelles distinctes mais complémentaires: l’une spatiale et l’autre chronologique. Le but de cette démarche est de permettre une double lecture du site archéologique et de son environnement, en exploitant sa situation topographique remarquable et les relations qui peuvent être tissées avec les autres sites et lieux de présentation des connaissances sur l’archéologie régionale. L’objectif et d’inviter le public à différentes prises de conscience, relatives au passé et à son environnement.
L’échelle chronologique
L e t e m p s
Prendre conscience du déroulement du temps, en traversant le parc tout au long d’un parcours archéologique jalonné de plusieurs stations. Le parcours débute en 15’000 ans avant J.-C. et se termine en l’an 80 de notre ère.
L ’ é v o l u t i o n d u p a y s a g e
Prendre conscience de l’évolution du paysage et de l’impact des premières occupations humaines sur ce paysage. Une partie des arbres et des plantes en relation avec cette évolution sont déjà présents dans le parc, il en est de même pour les formations végétales et paysagères.
L ’ é v o l u t i o n c u l t u r e l l e
Prendre conscience de l’évolution culturelle des populations qui ont occupé le territoire genevois. Le mobilier retrouvé sur le site archéologique donne des indications sur les habitants du lieu et des environs, ainsi que sur les différentes cultures auxquelles ils appartenaient.
L’échelle spatiale
L a v i l l a r o m a i n e
Une présentation concrète et virtuelle de la villa romaine permettra au public de reconstituer le volume du bâtiment et son emprise dans le parc actuel.
L e p a r c o u r s
Un parcours botanique et archéologique, entre le bas et le haut du parc, facilitera l’intégration de la villa romaine et des mégalithes dans un contexte archéologique plus vaste (l’histoire de la ville et de la rade de Genève).
L a v i l l e e t l a r a d e d e G e n è v e
Le site archéologique du Parc de La Grange sera conçu comme faisant partie d’un réseau de connaissances sur l’archéologie régionale du territoire genevois. Dans cette optique, cette réalisation devrait être complémentaire à d’autres lieux, dans lesquels des présentations et des informations semblables sont ou seront proposées. Il s’agit par exemple des lieux suivants:
Exposition sur les fouilles de la cathédrale Saint-Pierre.
Exposition archéologique dans les sous-sols du temple de Saint-Gervais.
Présentation d’un mur de fortification de Genève dans le parking de Saint-Antoine.
Futures salles d’exposition d’archéologie régionale, prévues dans le cadre du réaménagement du Musée d’art et d’histoire.
Le parcours archéologique
Le public se déplacera entre les différentes stations, en percevant par le chemin parcouru le temps qui sépare les périodes évoquées. Le cheminement se fera à raison d’un mètre trente par 30 années, soit environ un mètre pour une génération humaine.
L’itinéraire sera conçu entre des lieux naturels, dans lesquels la végétation de l’époque sera reconstituée. Un panneau explicatif rappellera les caractéristiques géologiques, botaniques et culturelles de la période et indiquera les stations précédentes et suivantes.
Le point de départ sera placé dans la partie inférieure du parc, vers le lac, tandis que les deux dernières stations seront intégrées à l’espace de présentation de la villa romaine.
Les sept stations seront autant de repères chronologiques, botaniques et historiques. Résumé des informations fournies sur les panneaux:
Station 1. 15’000 ans avant J.-C. fin de la dernière glaciation du Würm
Paysage: le début de l’histoire préhistorique et historique commence avec le retrait du glacier. Le paysage se présente encore ouvert, avec une végétation sans arbre. La colonisation des sols, encore peu évolués, débute par l’implantation de steppes riches en espèces pionnières. Les plantes typiques sont l’armoise, les hélianthèmes et les chénopodiacées, le bouleau nain, le genévrier et l’argousier.
Remarque: les pierres du Niton, visibles dans la rade de Genève, ont été déposées par le glacier du Rhône, tandis que les mégalithes et les matériaux des fondations de la villa romaine proviennent des moraines charriées par ce même glacier.
Station 2. 11’000 ans avant J.-C. Paléolithique supérieur
Culture: première occupation humaine dans le bassin genevois. Au pied du Salève, à Veyrier, occupation de campements sous des rochers éboulés. Ces chasseurs de l’âge du Renne se procuraient leur nourriture au moyen de la chasse ou de la cueillette.
Paysage: le paysage se colonise pour la première fois de forêts de bouleaux et de pins nains.
Station 3. 4’000 ans avant J.-C. Néolithique moyen
Culture: les premières populations du Néolithique, s’établissent dans la région, par exemple à l’emplacement du temple de Saint-Gervais. La découverte de pollens de céréales cultivées confirme l’apparition des premiers agriculteurs-éleveurs du Néolithique.
Paysage: le paysage est composé d’une forêt de feuillus dense (hêtraie-sapinière). Plantes typiques: le hêtre, le sapin blanc, le chêne, l’orme, le tilleul, le noisetier et le frêne.
Remarque: c’est à cette période que l’on trouve les premières céramiques et des haches en pierre polie dans le bassin genevois.
Station 4. 1800 ans avant J.-C. l’âge du Bronze
Paysage: l’impact de l’homme sur le paysage devient de plus en plus important. Les forêts sont défrichées pour l’agriculture. La forêt se compose alors principalement de hêtres et de sapins.
Station 5. 500 ans avant J.-C. l’âge du Fer
Culture: augmentation importante de l’occupation humaine dans le bassin lémanique. L’agriculture se diversifie: la forêt de taillis avec des charmes se développe, en plus des chênes toujours abondants. On voit apparaître la culture du chanvre et du seigle.
Paysage: pour le fourrage des animaux le chêne et le hêtre sont en augmentation dans les forêts. Plantes typiques: le charme, le noyer, le châtaignier, le chêne et le hêtre.
Station 6. 100 ans avant J.-C. l’époque gauloise
Culture: les Allobroges appartiennent aux peuplades du sud de la Gaule. Leur allure est soignée, contrairement à l’image proposée par une bande dessinée à succès.
Paysage: le paysage est de plus en plus déboisé.
Remarque: présentation sur le panneau explicatif des fossés retrouvés à l’endroit de la villa romaine.
Station 7. 50 ans après J.-C. l’époque romaine
Culture: les romains apportent à Genève une culture et un mode de vie sophistiqués.
Paysage: le paysage est toujours plus déboisé. L’agriculture s’intensifie. Les romains introduisent des plantes méditerranéennes à Genève: le châtaignier, la vigne cultivée, etc.
Remarque: l’occupant de la villa romaine était un allobroge fortuné.